24 décembre 2015

Hagane - SFC

Sans maîtrise, la puissance n'est rien


Il m'arrive parfois de me demander à la rédaction d'un test : "A quoi bon en faire un ? Qui va le lire ? Que dire de plus qui n'a pas déjà été dit ?" Car après tout cette discipline est purement subjective et peu souvent objective. Quel intérêt au final donc si ce n'est pour l'auteur de parler d'un jeu en général qu'il a apprécié et de vouloir partager son engouement pour celui-ci. Autant vous le dire de suite, si je suis avare en mots pour un jeu banal, il en sera tout autrement pour ce Hagane : The Final Conflict. Un titre qui reste assez obscur à l'évocation de son nom. Les plus au fait du marché actuel du retrogaming vous diront que c'est l'un des jeux les plus chers de la Super Nintendo (pas faux, privilégiez la version jap), d'autres, que ce jeu d'action plates-formes est extrêmement difficile, et là je m'insurge direct contre cette fausse réputation que l'on veut lui attribuer. Très dur ? Non. Exigeant ? Oui, et j'en reviens à mes premières questions sur l'intérêt de faire un test, et plus particulièrement sur cette cartouche de bourge, il est des vérités qui se doivent d'être clamées haut et fort. "Ah  ! ça ira, ça ira, ça ira, les aristocrates on les prendra..."   


Ne nous emballons pas, avant de faire tomber des têtes, aiguisons nos sabres et shurikens en papotant autour d'un feu. Je vais vous conter une histoire : "En des temps obscurs, le passage menant à Armageddon s'ouvre !" Désolé, faudra vous contenter de cette unique phrase d'ouverture durant tout le jeu, ne jetez pas le popcorn de suite et délectez-vous de cette intro animée qui sue la classe ! Pour résumer le scénario, deux clans s'affrontent au Japon dans un univers fantaisiste cyberpunk. L'un voulant détruire le monde (Koma) et l'autre souhaitant le préserver (Fuma), vous incarnez le dernier membre des Fuma. Un ninja mi-homme mi-machine. L'histoire n'est pas bien originale et a des relents de déjà vu dans des animés japs, mais elle a le mérite d'être propice au dézingage de démons.

Qu'on aime ou pas le genre, on ne peut que se réjouir d'avoir un titre plus mature dans la ludothèque de la Snes. Se dégage du jeu une ambiance froide Onimushanesque si je puis me permettre ce néologisme. D'ailleurs Onimusha partage un point commun avec Hagane (du moins le 2ème et 3ème épisode), le character designer Keita Amemiya. Tant qu'on y est, il a aussi participé à Genji (<3), toujours sur Playstation.







Graphiquement, le studio Red n'a pas chômé ! Pour les possesseurs de PC Engine, ce studio est bien connu : il est responsable entre autres des PC Genjin et des shmups tels que Gate of Thunder ou Winds of Thunder. Autant dire qu'on tape dans du lourd ! Graphiquement, c'est fin, détaillé et parfois terne, surprenant pour une Super Nintendo habituée à afficher des couleurs chatoyantes et des jeux cartoonesques. Si un stage usant du mode 7 ne le trahissait pas, on le verrait bien tourner sur Megadrive. C'est parfois fort beau et les décors dépaysent (caverne, vaisseau, balade dans le ciel ou dans les bois) mais n'exploitent pas à fond les capacités de la console comme j'ai pu le lire. C'est la direction artistique qui prime, les sprites des boss en imposent certes mais sont surtout fort bien dessinés, comme certains backgrounds (bien que figés) dont le premier au stage 2-1 qui nous laisse pantois. Pour peu que vous adhériez à ce type d'univers, vous serez comblés. La musique contribuant à l'aventure, elle n'est pas exceptionnelle en soi mais ne se veut pas rébarbative. On retiendra quelques mélodies, mais il est certain que l'OST ne vous motivera pas à vous remettre en selle après maintes morts.




1 - L'écran de titre réapparaîtra plusieurs fois mouahahahah
2 - Le fameux stage 1-4. Ce jeu vous rendra fou...
3 - A s'arracher les cheveux



Alors oui vous allez galérer au début, il en découragera plus d'un pour qui ne veut pas s'investir un minimum. Et c'est un problème qui, j'ai bien l'impression, n'est pas propre à ce type de jeu mais lié à l'approche qu'ont les joueurs en général. Combien de fois j'ai pu lire que les jeux vidéo d'avant étaient plus dur, c'est faux ! Il y a un mal être malheureusement trop souvent répandu dans ce loisir où le joueur, frustré de ne pas franchir tous les obstacles du premier coup, va se lasser et passer à autre chose. Ils ne veulent pas prendre le temps de s'investir dans un jeu rétro. Pas de checkpoints, nombres de vies et de continues limités, absence de mise en scène pouvant susciter plus d'intérêt à l'histoire. Mais en quoi est-ce de la difficulté de se faire fesser ? N'est-ce pas en faisant des erreurs que l'on apprend ? Bien sûr que l'on recommence souvent au début mais vu la durée de vie d'un jeu (pas plus d'une heure en moyenne), heureusement qu'ils demandent un minimum d'efforts. Et au prix que celui-ci coûte, heureusement qu'il y a du challenge.


Hagane requiert du temps pour l'apprivoiser ! C'est un coup à prendre, comme la gestion des sauts. Mais une fois passé ce cap, c'est une pure régalade. Dans un premier temps, ne cherchez pas à user des nombreux coups spéciaux qui seront punitifs si vous ne les placez pas parfaitement comme il se doit. Jouez simple mais efficace et vous vous surprendrez à aller toujours un peu plus loin à chaque partie. Honnêtement les gens qui ont réellement fini le jeu ne peuvent pas le qualifier d'insurmontable tant on s'étonne parfois à torcher certains boss illico presto. Leurs patterns sont vite décelés et on peut même se la jouer bourrin avec les grenades. A ce propos l'arsenal est plutôt conséquent, par défaut vous avez un sabre, efficace au corps à corps, c'est l'arme que vous utiliserez le plus souvent, d'autant plus que vous pouvez l'utiliser à l'infini. Tout comme le grappin, il sert de projectile et à s'accrocher au plafond. Les deux autres armes étant les grenades et shurikens, ces derniers à distance sont très utiles et bien plus précis que les grenades. N'ayez crainte, bien qu'elles soient limitées en nombres, vous pourrez vous réapprovisionner en tuant les ennemis.





4 - La seule femme du jeu se transforme en monstre. Moi qui voulait la pécho au drive in...
5 - Grimpez aux arbres pour trouver des items cachés
6 - Inspiration Duck Tales ou DKC ? Une séquence  en chariot bien trop courte, dommag



Des ennemis qui se feront latter facilement pour la plupart mais qui popperont à chaque fois que vous leur tournerez le dos en faisant défiler le scrolling (là aussi c'est peu habituel), ça peut fourmiller à l'écran mais n'ayez crainte, ils font plus de peur que de mal. Toujours dans ce fameux coup à prendre, on se rend compte qu'ils n'ont pas de masques de collisions. J'entends par là que vous leur passez au travers lorsqu'ils ne réalisent pas d'attaques en usant par exemple d'une glissade au sol. Vous vous retrouverez ainsi derrière eux et pourrez leur asséner une attaque. Un coup de sabre et ils vous gratifieront d'une munition, d'une recharge ou d’un emplacement supplémentaire d'énergie voir d'un parchemin, l'équivalent d'une bombe qui défouraille tout à l'écran. Utilisez les avec parcimonie au cours des cinqs stages contenant plusieurs niveaux.


Ceux-ci sont variés comme la folle course au scrolling automatique (stage 1-4 qui va vous en faire baver au début), l'escapade d'un vaisseau sur un engin volant et d'autres niveaux plus orientés plates-formes qu'action. Comme je le disais précédemment, la maîtrise du saut est primordiale ! Vous allez devoir jouer du wall jump et de pirouettes pour éviter les nombreux pièges. Tous les boutons du pad sont mis à contribution, y compris les gâchettes L et R qui permettent d'esquiver en arrière ou en avant, ce qui peut servir aussi (à défaut de courir) à se déplacer plus vite et à parcourir fissa un niveau (voir dans la vidéo le stage 1-2).




7 - On croisera ce Koma à deux reprises, le bougre est coriace
8 - Pas le temps de s'ennuyer
9 - Le boss de fin. Prévoyez un bon stock de parchemins



Ne pensez pas abuser de cette astuce, elle est réellement praticable que sur les deux premiers stages et il serait fort dommage que vous passiez à côté d'items. D'autant plus que le jeu suivant son humeur du jour sera généreux ou pas en parchemins ou énergies supplémentaires (il m'est arrivé une fois d'être au max dès le premier stage). Cette légère part de hasard contribue aussi au fait que l'on y revient souvent, les boss pourront vous faire la misère comme jouer les maso à se faire défoncer sans résistance. Le facteur chance pimente les parties et une fois que l'on a pris goût aux mécaniques de gameplay bien huilées, la cartouche risque de squatter votre console. La durée de vie est honnête mais en vous y mettant sérieusement un gros week end suffira à en voir la fin. A noter que dans la version japonaise les crédits sont au nombre de sept alors qu'ils sont infinis en PAL. Je vous en laisse tirer votre propre conclusion... 





Un One life que j'ai réalisé sous émulateur (version pal)




Magnifique transition Michel, venons-en à la conclusion. Hagane peut se vanter de ne pas avoir son pareil sur la 16 bits de Nintendo. Pas une faute de goût à souligner, étant amateur de shmup, j'y ai trouvé le même genre de progression. On rame au début, ne comprenant rien aux multiples sprites à l'écran et palettes de coups à dispositions, et puis petit à petit, le jeune shinobi que l'on est fini par devenir hokage et à déglinguer tout ce qui bouge dans le champ de vision dans une orgie sonore et visuelle. Vous l'aurez compris, j'ai été charmé par ce jeu atypique sur cette console. Rien ne justifie son prix bien évidemment, pas même sa rareté. Un jeu vidéo est fait pour être joué et n'a pas à finir dans une vitrine de République ou sur une étagère d'un collectionneur à prendre la poussière, désabusé par sa soi-disant difficulté. Mais passer à côté d'un tel hit est un délit et je ne me suis pas cassé le c*l à sauver la terre pour que vous vous la couliez douce à lire ce test ou à vous régaler de ma skill en vidéo ("chérie ?! Mon bandana ninja a rétréci au lavage !").







 
Quel swag ! Mais sans maîtrise la puissance n'est rien, avant de le dompter (et d'y prendre vraiment goût) il va falloir mettre vos chakras à rudes épreuves. Votre patience sera récompensée par une œuvre rudement peaufinée sur tous les détails. Faites péter la CB pour cette cartouche plutôt que d'investir dans un collector current gen qui sera bradé dans deux ans... Votre Snes aseptisée aux bisounours vous remerciera.


LES PLUS

  • Rythme effréné
  • Pas d'équivalent sur la console
  • Beaucoup de coups...
LES MOINS

  • ... Voir trop
  • Un peu court
  • Backgrounds figés
  • Son prix


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