14 janvier 2016

Dracula X - PCE Super CD-ROM²

La PC Engine frappée de plein fouet


N'importe quel joueur un tant soit peu passionné par les jeux vidéo connaît la série des Castlevania (Akumajo Dracula en jap). Réalisée par Konami il y a déjà 30 ans (ce coup de vieux), la série a souvent eu très bonne presse malgré la difficulté des épisodes 2D, dû en partie à leur gameplay. Les attaques et sauts nécessitent une grande précision sous peine de se faire punir sur-le-champ. Que celui qui n'a pas pété un câble parce qu'il s'est vu projeté dans le vide par une tête de méduse me jette une pierre ! Chi No Rondo ne renie pas son héritage, attendez-vous à en suer. Seuls les japonais auront eu la chance de s'y frotter à sa sortie. Le jeu paraît durant l'automne 1993, c'est donc en fin de vie de la console que sort ce que beaucoup de fans considèrent (avec Symphony of The Night) comme le chef d'œuvre de la série. Qualifié aussi de grandiose, magistral, Saint Graal et de bien d'autres jolis expressions ou superlatifs, mais n'ayant pas l'immortalité d'un vampire pour tous vous les énumérer, nous nous contenterons de ce test pour l'encenser de plus belle ou le déchoir de son piédestal (plutôt crever un pieu dans le cœur).




L'histoire se déroule en 1792, elle est remarquablement mise en scène via des séquences animées ma foi fort bien réalisées. Dès le début on est plongé dans l'ambiance par l'intro horrifique où l'on y voit une secte ressusciter Dracula grâce au sacrifice d'une femme. La narration est pour le moins surprenante car elle se fait dans la langue de Goethe. Dis donc Jamy, tu savais toi qu'il y avait des saxons en Transylvanie ? Diantre, un jeu éducatif... Imaginez donc ce qu'il s'est passé dans la tête d'un jeune nippon en ce temps-là : "Il parle tout bizarre le monsieur... Comme dans Papa Schultz... Merde ! Du paaal ! Au bûcher !". Outre cette intro classe qui a fait date dans l'histoire du jeu vidéo, vous aurez l'occasion de voir d'autres scénettes notamment lorsque vous délivrerez des demoiselles. 


Elles ont été séquestrées dans certaines pièces du château par le comte pour se venger du clan Belmont. Encore un kidnapping me direz-vous. A croire que c'était un hobby très courant dans les années 80/90 (et dire que les sextapes n'étaient pas encore tendances...). Il y a quatre jeunes pucelles emprisonnées, dont Annette la fiancée du bellâtre Richter Belmont que vous incarnez. Dommage, s'il avait eu pour nom François on reformait le couple le plus ringard de la télé française (référence à Premiers Baisers). Pour finir à 100% le jeu, vous aurez besoin de toutes les sauver. La plus intéressante des quatre est sans nul doute Maria Renard : sous ses airs de Candy, cette gamine de 12 ans se révèle être la cerise sur le gâteau et mon coup de cœur du jeu. Elle est délivrable (et surtout jouable plus tard) dans le stage deux au moyen d'une clé cachée dans un chandelier. Pas facile à récupérer car vous vous faites courser par un immense monstre. Avant de voir en détails ce que Maria apporte, attardons nous aux qualités visuelles et sonores du jeu. Il n'en manque clairement pas.



1 - Château avec chambres à louer, isolé, gentils locataires...
2 - Première confrontation avec La Mort lors du prologue 
3 - "Amenez moi à bon port, mon gueux !"



Graphiquement, c'est un déluge de bon goût, d'effets spéciaux et détails. Statues, lustres, chandeliers, vitraux, pierres tombales etc. participent à l'immersion gothique. Pour les habitués de la console Nec, c'est une immense claque, la mémoire supplémentaire de l'extension Super CD-Rom² aidant bien (et sans Arcade System Card siouplait). Pas de Nec Avenue pour faire une quelconque adaptation, Konami a mis la main à la pâte et nous a gratifiés d'un jeu exclusif. Leur travail force le respect et c'est à se demander si tous les développeurs ont fourni le même effort sur cette machine. Les stages sont d'une beauté époustouflante. Il me vient à l'esprit le bien entendu classique hall du château, le cimetière ou le navire fantôme, mon préféré, qui regorge de secrets dont un mystérieux miroir vert (une énigme encore aujourd'hui), accessible uniquement par Maria. Celui de l’épave est tellement beau qu'il envoie celui d'un Super Ghouls'n Ghosts (sur Snes) rejoindre les tréfonds abyssaux. C'est bien simple, quand l'occasion de taper un break kit kat se présente, on se délecte de ces somptueux stages et l'on constate que même les backgrounds sont soignés et détaillés. Dur de cligner des yeux dans ces conditions. 






Pour peu que vous preniez le temps d'écouter un titre emblématique de la série tel que Bloody Tears au stage 3, il vous en coutera de verser des larmes de sang en abondance. Ne pas fredonner son air endiablé est carrément inhumain. Hypnotique, envoutant, planant, les adjectifs me manquent... Faudrait que j'invente des mots qu'existent pas dans le dico (copyright Negra Bouch Beat). L'OST du jeu est sublime, seul un Symphony of the Night peut rivaliser. Pour ma part SOTN lui est un léger ton au-dessus, tant sur la qualité que sur la quantité (les goûts et les couleurs). Quand on pense qu'en son temps les jeux des consoles concurrentes tournaient généralement sur des cartouches, le format CD a dû faire rêver et hocher de nombreuses têtes (seul le Mega CD au Japon utilisait cette technologie). Encore aujourd'hui on est surpris de la richesse de cette bande son, hormis la musique de fin qui est quelconque, bizarrement. Le reste est de haute volée : du classique Vampire Killer (nom du fouet des Belmont) au plus groovy Cross Fear (son break orgasmique à la 43s me rend dingue) en passant par le frissonnant Cemetary ou l'épique Dancing in Phantasmic Hell lorsque l'on affronte les boss. 



4 - Ton prince charmant est arrivé bébé, arrête de prier
5 - Mon stage préféré, graphiquement et musicalement
6 - Les clés pour délivrer les gonzesses ne sont pas bien dures à trouver




Ces derniers ne sécheront pas vos larmes, sans pitié ils vous en feront clairement baver. Vous voilà prévenus, Kleenex exigés (utiles aussi pour qui voudrait s'acheter le jeu). Résistants aux premières confrontations, vous allez devoir percer leur point faible en mourant maintes et maintes fois pour certains (foutu sorcier du stage six). Et quand bien même vous pensez pouvoir leur faire leur fête, l'erreur étant humaine, il est difficile de ne pas se faire toucher ne serait-ce qu'une seule fois. Le perfect permettant d'obtenir une vie supplémentaire, impossible ? Non, la preuve en est les superplays des boss disponibles en échanges de crédits récoltés lors de vos parties. Une option très pratique et qui montre à quel point la persévérance est de mise pour en venir à bout. Paradoxalement l'ennemi juré de Richter n'est pas celui qui vous fera brûler votre cosmo énergie à son paroxysme. Pire, je pense que Dracula est le plus faible d'entre tous. Mais avant de mettre en miette sa bâtisse et renvoyer les maçons roumains au chomdu, il vous faudra franchir huit stages. 



Seulement huit ? Pas tout à fait, le joueur est libre de prendre le cheminement qu'il souhaite. En effet, certains stages ont une alternative, bien pratique pour qui voudrait ne pas affronter un boss en particulier par exemple. Seuls les deux derniers sont inévitables mais il y a moyen d'esquiver entre autre le cyclope, le loup garou ou la Mort et sa maudite faux. On la rencontre pour la première fois dans le prologue. Une scène culte en chariote sous une pluie torrentielle. Au total nous avons donc douze stages qui demandent à être explorés. L'emploi de ce mot n'est pas anodin, vous allez littéralement devoir explorer chaque recoin en dégommant tout autour de vous. C'est sans doute ce qui me plaît le plus dans le jeu, on se dit : "C'est chelou, j'suis sûr qu'il y a moyen de..." Et bim, un mystère en moins ! Mon esprit de déduction n'étant pas aussi fin que celui d'un Hooper, je dois avouer que certaines énigmes résolues le furent par le fruit du hasard. 



Dans votre quête de vengeance vous trouverez en chemin des armes, nourritures (pour régénérer votre barre de vie) ou cœurs. Les cœurs servant comme toujours à user de votre arme secondaire (item), il est assez rare d'être à sec si vous les utilisez à bon escient. La grosse nouveauté de ce jeu est qu'en appuyant sur le bouton select vous déclenchez un item crash (sans item vous enflammez votre fouet), une super attaque (différente selon l'arme secondaire en sa possession) qui a pour effet de nettoyer l'écran mais en contrepartie cela vous coutera énormément en cœurs. Ne pensez pas cumuler les six armes d'un coup, vous en abandonnez une au sol pour une autre, un dilemme qui doit se faire rapidement et peut s'avérer crucial pour certains passages ou boss. Les meilleures armes selon moi étant la hache et la croix.





7 - Le sorcier est cheaté avec ses invocations ! Parole de rageux
8 - De la plates-formes...
9 - ... Sous pression



Mais que serait un Belmont sans son fouet ? L'arme principale de notre héros se déploie debout, au sol ou lors d'un saut. Seulement il y a un hic, le gameplay se veut un tantinet old shcool. Si dans un Super Castlevania IV (sorti deux ans plus tôt !) on le manie à son bon vouloir dans la direction que l'on souhaite, dans notre cas, on peut uniquement le déployer horizontalement. Ce qui limite considérablement l'approche des attaques vers l'ennemi. Quand on sait qu'ils ont des déplacements hasardeux voir casse bonbons pour rester poli, les coups doivent être portés avec précision en ayant un excellent timing. Ne faire plus qu'un avec son arme demandera du temps. Une petite astuce pour allonger votre portée : après avoir appuyé sur le bouton II, faites rapidement deux fois droite ou gauche dans le sens du fouet. Technique applicable au sol ou lors d'un saut. Il est possible aussi de revenir sur ses pas après avoir sauté (je ne parle pas du salto arrière, deux fois I). Une fois en l'air, presser à nouveau I, puis direction opposée. Très utile dans le cas où vous changeriez d'avis au dernier moment ou qu'une nouvelle menace se manifeste soudainement. Autre nouveauté et pas des moindres, les escaliers vous causeront moins de problèmes. Il est enfin possible de sauter directement dessus en pressant haut ou de tomber en pressant bas et I. Pour qui s'est pris le chou sur Nes avec ces satanées marches, c'est une révolution !



J'en viens enfin à ma chouchoute Maria qui n'a rien à envier à une Buffy (si ce n'est son décolleté bien mieux fourni). Notre précoce chasseuse de vampires n'a pour arme secondaire que des animaux tous plus mignons les uns que les autres, à l'exception du dragon. Konami s'est tapé un bon délire et on ne peut que les féliciter de cette initiative. J'avais connaissance de ce personnage caché jouable mais je n'imaginais pas à quel point la prise en main de cette blondinette serait aussi radicalement différente de Richter. Pas de fouet mais des colombes comme arme principale, deux peuvent être envoyées successivement. A la manière d'un boomerang, elles reviendront vers vous, diablement efficaces car plus rapides. Et comme si cela ne suffisait pas, une attaque spéciale secrète est à découvrir. Maria projette une ombre devant elle et empale son assaillant dans une avalanche de coups. Je préfère vous laisser découvrir la manip par vous-même mais sachez qu'on peut apercevoir cette attaque dans les techniques à acheter. Dispo au menu principal.




10 - Les artworks sont bien faits, ce qui n'est pas toujours le cas sur PCE CD
11 - Avec Maria tout devient plus simple
12 - On ne s'ennuie pas une seconde



Plus forte mais aussi plus agile (avec son double saut) et plus rapide, elle peut user de deux glissades, très pratique pour esquiver certaines attaques de boss. L'approche est donc totalement différente selon le personnage, on aurait pu croire à un simple clone mais ce n'est pas le cas du tout, les scènes animées se voient aussi changées pour l'occasion. Tout comme la fin qui devient édulcorée, plus dans un esprit kawaii. Pour les puristes, ils la trouveront cheatée, il est clair que l'aventure devient plus facile et sans dénaturer le jeu lui-même, on peut parler d’un easy mode. C'est surprenant qu'on ne la mette pas plus en avant et qu'elle ne soit pas disponible d'emblée. Un joueur lambda qui trouve le jeu trop dur pourrait passer à côté, il y a de quoi être perplexe. Outre le fait que le jeu devient plus aisé, j'y vois aussi un bon moyen de s'amuser différemment et de réaliser des speedruns. Se faire une session vite fait où l'on trace son chemin en torchant tout ce qui se présente à soi est un autre plaisir. Un kiff différent donc qu'avec Belmont, d'autant plus qu'avec ses aptitudes il se prête moins à la plates-formes ce lourdaud.



La mioche apporte un vent de fraîcheur dans une série qui a tendance à s'auto plagier. La recette est assurée à chaque fois, et force est de constater que cette galette a très bon gout. Le seul réel reproche que je pourrais lui faire (hormis l'absence de Maria dès le début) et qui est indépendant de la qualité intrinsèque du jeu, c'est son prix actuel. Honnêtement j'aimerais me passer de ce détail et ne laisser place qu'à l'œuvre dont il est question. Malheureusement la somme à débourser frôle l'indécence quand on pense que c'est un jeu au format CD et qu'il n'est pas rare. Certainement victime de sa notoriété (peut être bien le titre le plus connu de la console ?). Si vous êtes en froid avec votre compte en banque, il est disponible dans Castlevania : The Dracula X Chronicles sur PSP (SOTN y est inclus aussi !) et sur le Wii Shop pour qui voudrait y jouer sur télé plutôt que sur portable.  




Le test arrivant à sa fin et me rendant compte que je n'ai pas eu de sérieuses critiques à l'égard du jeu, je peux en conclure que je suis conquis et donne bien volontiers mon âme à Dracula. Est-il le meilleur Castlevania ? J'esquiverai vilainement d'un salto arrière en vous répondant que c'est le meilleur sur PC Engine et plus sérieusement qu'il n'a pas d'égal sur cet hardware. Valis ou autre Fausseté Amour sont bien loin derrière ce blockbuster. Il est souvent comparé à l'épisode Super Nintendo (Vampire's Kiss en pal/ Dracula XX en jap) dont il a en commun l'histoire et pas mal de sprites ennemis, mais l'architecture des niveaux est différente. Pas de Maria jouable non plus et le système de sauvegarde se fait par des mots de passe sur Snes, contrairement à la PCE où la progression est enregistrée directement sur la console. Très pratique si l'on veut se faire un stage en particulier et vu sa difficulté, un peu d'entraînement n'est pas de refus. On y revient souvent, que ce soit pour ses musiques, ses graphismes, son challenge, ses différents chemins et nombreux secrets ou plus mystérieusement pour son aura ensorcelante. Personnellement, l'attente fut longue pour me procurer ce jeu mais je ne regrette pas mon achat, j'ai pu jouir de soirées SM mémorables sur ma chère PC Engine.




(Gifs faits maison)






 
Les liens du sang sont inébranlables, Rondo of Blood est le digne héritier d'une série qui a toujours su briller par son ambiance gothique unique. Un jeu à part sur PC Engine qui mérite bien son statut de hit.


LES PLUS

  • Ambiance
  • Bande son
  • Graphismes et animations
  • Durée de vie
  • Maria...
LES MOINS

  • … Mais pas jouable d'emblée
  • La zik de fin faiblarde


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