23 novembre 2017

Tribute to Dreamcast






L'homme a beau prétendre être une race intelligente, cela ne l'empêche pas d'être avide de futilités telles que les mystères. Ces interrogations pour lesquelles ne subsistent pas de de réelles réponses. Pas même pour maître Sega plus fort que tout à leur début qui s’était lancé dans la conception de la Dreamcast croyant naïvement à son succès après l’échec cuisant de la Saturn. Visionnaire un temps, il faudra malheureusement faire une croix sur eux au nouveau millénaire, du moins dans le domaine du hardware. Destin hors du commun pour leur dernière console condamnée avant même sa sortie chez nous fin de l’année 1999. Officiellement sa production s’arrêta fin 2002 mais officieusement elle n’a jamais sombré dans l’oubli. La dame blanche mériterait son épisode d’enquête impossible conté par Bellemare. Faute de budget pour l’engager et ayant une aversion pour les vieux moustachus, je vous propose ce bref tribute d’une console exceptionnelle devenue une véritable légende auprès des joueurs.



Je suis Dreamcast !
Que son capot orne une spirale rouge, bleu ou orange (respectivement us, euro, jap), cela ne dénature nullement son design moderne épuré défiant les années (attention au jaunisme tout de même). Le look elle l’a coco, et ne fait plus honte comme la N64 du frangin à l'effigie de Pikachu ou la déprimante brique grise Playstation (trop souvent retournée en fin de vie) qu’on fourgue au fin fond du meuble TV. Seul le pad discutable pour son ergonomie peut lui faire du tort notamment à cause de l’absence d’un deuxième stick ou d’une croix directionnelle à s’arracher l’épiderme du pouce après une utilisation intensive. Il n'empêche que ses gâchettes analogiques sont une petite révolution pour les simulations de courses et que l’emplacement pour l’écran VMU (équivalent d’une memory card sony pour ses sauvegardes) font sensations. Cette carte mémoire faisait office aussi de petites portables avec ses jeux limités par un écran à cristaux liquides. Idée originale bien que sa pile ne lui permettait qu’une courte durée de vie (pour info la même qu’on trouve dans la Saturn). Autre innovation et pas des moindres, son modem intégré ! Un bon moyen d’avoir le net dans sa chambre lorsque l’on était jeune. J’allais moi même surfer en notant scrupuleusement sur papier mes heures de connexions que je remettais à mon père et me souviens de mon premier DLC, un thème de noël pour Sonic Adventure. Ce fut aussi ma première expérience d’un jeu multi online avec le fameux Chu Chu Rockets dont il me semble que je l’avais reçu gratuitement par la poste via une offre à envoyer à SEGA (à confirmer).

Peu mieux faire



Le calme avant la tempête
Sortie en octobre 1999, j’ai souvenir d’un lancement confidentiel et pas tonitruant comme l’a pu être celle de la PS2 (malgré son prix démesuré) qui elle suscitait tous les désirs après sa présentation. Faut dire que la première console de Sony était implantée dans la grande majorité des foyers, sa suprématie était telle que le mot Playstation qualifiait une console de jeux vidéo, rentrant ainsi dans le langage commun. Dur pour la Dreamcast pourtant un monstre de compet' issue d’une technologie nouvelle génération de se faire une place face à ce phénomène de société. Se faire voler la vedette par des jeux tournant sur une vieillissante 32 bits a de quoi hérisser les poils d’un Sonic. Pour tout avouer, j’étais autant emballé si ce n’est plus par la sortie du jeu Star Wars La menace fantôme sur psone que la Dreamcast. Je l’avais eu pour mon anniversaire en novembre… Rétrospectivement ce jeu est médiocre mais le film dont il est tiré était un sacré événement cette année là. Une fois fini, je n’avais d’yeux que pour ma console Sega et mon Power Stone. Adieu les bouillies de pixels, aliasings, gros temps de chargements et jeux injouables dus à des problèmes de caméras ou bugs de collisions et welcome la 3D maîtrisée ! M'est avis que cette console marque l’arrivée d’une ère où la 3D est enfin justifiée et plaisante à jouer. D’où la facilité d’y rejouer encore aujourd’hui, contrairement à la génération précédente qui pique sévèrement les yeux.

"Dans quelle mouise je suis."


Du Sega comme on aime (pub pour TrickStyle)



Naomi ? Hum charmant, ça te dit un verre à la maison ?
On serait tenté de dire que le point fort de la console serait à mettre au crédit de ses hits arcades adaptés à la perfection (F355, Crazy Taxi, Virtua Fighter 3, Sega Rally 2, House of The Dead 2, Virtua Tennis etc) grâce à l’architecture de la Dreamcast proche du système arcade Naomi. Mais n’est ce pas un mal plutôt ? En ce temps là les salles d’arcades mettent petit à petit les clés sous la porte et le jeu vidéo a pris un tournant différent, plus sédentaire, orienté loisir de masse et moins destiné à une élite accro aux scorings ou à jouer à des bornes dédiées parfois limitées en intérêt. Il est clair que ce genre est en déclin et Sega semble rater le coche (le peu de soutien des éditeurs tiers n’aide pas non plus) malgré son avant gardisme avec le mythique Shenmue véritable gouffre financier pour la firme déjà dans le rouge avec ses trop nombreux projets foireux (Nomade, Mega CD, 32X, Saturn). Mais pour l’amateur de versus fighting et de SHMUP que je suis, cette console est un réel Eldorado. LA dernière grande de l’arcade, n’en déplaise aux aficionados de la Neo Geo. Cette dernière lui aura même offert quelques un de ses meilleurs hits : Garou Mark of The Wolves, KOF 98 à 2002, Twinkle Star Sprites et The Last Blade 2.

Crazy Taxi, fidèle à l'arcade




Baston et...

Dixit moi même, l’amateur de baston sera comblé ! Pourtant peu mis en avant, cette console peut se targuer d’avoir en jap un catalogue de versus fighting ahurissant (et vendus à prix doux, excepté SSF2X), de quoi tâter du stick en long et en large mes coquinous. Outre les jeux Neo Geo cités plus haut, elle bénéficia du soutien de Capcom. C’est une ribambelle de classiques de leur part qui ont fleuris sur galette GD Rom (format propriétaire des disques DC pour accueillir plus de données) : la série des Capcom VS SNK, trois épisodes en tout (à ne pas confondre avec SVC développé par SNK sur NG), Les Marvel vs Capcom dont le second étonne de part ses combos à foisons, Street Fighter III Double Impact et Third strike, la dernière mouture est la plus technique en 2D à ce jour (et quelle animation !),  le fun Street Fighter Zero 3 et le plus abouti des SF2 avec Super Street Fighter II X.

N’oublions pas en 3D les conviviaux Power Stone et l’original Rival Schools 2. D’autres éditeurs ont participé à la fête aux marrons. Guilty Gear (graphiquement on frise l’oeuvre d’art), Dead or Alive 2 et ses boobs arrondis sans aliasings et surtout le jeu vitrine qui durant des mois aura fait la couverture de nombreux journaux spécialisés : Soul Calibur. Tour de force de Namco (chose rare, cette version est supérieure à l’originale), il est si jouissif sur tous les plans que pendant des années nul autre jeu de combat 3D ne pu le détrôner, pas même sa propre suite sur la gen suivante !



Soul Calibur et Garou MOTW






... Shoots à l’honneur

Concernant les SHMUP, pour avoir passé du temps sur bon nombres d’entre eux, je place la Dreamcast dans les consoles les mieux fournies dans ce genre. Pas tant sur la quantité mais sur la qualité. Si je vous mentionne l’hypnotique Ikaruga (une durée de vie de ouf pour le scoring), le classieux Under Defeat, l’électrisant Border Down, le désaxé Zero Gunner 2, le galvanisant Trigger Heart Exelica ou l’atypique Rez, la messe est dite mes enfants, un suppo et au lit. Ont été cité les hauts du panier mais le reste n’est pas à jeter, loin de là, en vrac Shikigami no Shiro 2, Psyvariar 2, Trizeal, Karous, Gunbird 2, Mars Matrix et les Giga Wing dont le premier est un régal (07/20 sur JV.com, le testeur mériterait le bûcher). Sans compter les jeux indépendants à consommer en amuse-gueules dont l'appétissant Sturmwind. Réalisé par seulement deux teutons, ce shoot impressionne graphiquement et s’auto proclamerait plus beau jeu de la machine que cela ne choquerait personne. La Dreamcast ne semble pas connaître ses limites et nous laisse rêveur de futures productions aussi ambitieuses.

Le fait maison Sturmwind


Lan Di… Je l’aurai un jour, je l’aurai !
Parler de la Dreamcast sans évoquer Shenmue serait inadmissible bien que mes mots ne risquent pas de retranscrire toute l’admiration que je lui porte. D'ordinaire je n'aime pas la désignation de “fan” car je trouve l'aveuglement produit assez ridicule mais OSEF je me qualifie ainsi et lui crie mon amour avec un duckface des plus malsain (pour le peu de personne qui auront lu jusqu’ici, j’assume). Pourquoi est il aussi souvent cité ? Voir adulé ? Sans doute parce qu’il fut un OVNI dans le paysage vidéoludique de l’an 2000, un voyage comme jamais vu et surtout vécu auparavant sur une console de jeu. Cette aventure immersive créée par Yu Suzuki se déroule en 1987 au Japon. Elle nous place dans la peau du jeune Ryo Hazuki bien décidé à venger la mort de son père tué sous ses yeux par un dénommé Lan Di. Simulateur de vie dans un monde ouvert (toute proportion gardée pour l’époque) parsemé de séquences d’action en QTE, Shenmue nous invite à déambuler dans les quartiers de Yokosuka de jour comme de nuit qu’il pleuve ou qu’il neige. Effets météorologiques en temps réel, le rendu est saisissant et c’est un réel plaisir que de flâner dans les rues, taper la discute avec des passants ou se faire une partie de Hang On en salle d’arcade (ou chez sois sur une Saturn, anachronisme bien sûr).

Sa réputation n'est pas surfaite


Les activités ne manquent pas et pour peu que vous vous ennuyez vous pourrez toujours dérouiller de la racaille pour vous distraire (quel bouffon ce Goro), mettant de ce fait à profit vos nouvelles techniques de combat et histoire aussi que cela bouge un peu. Sa lenteur apparente lui est souvent reprochée par ses détracteurs. M’est avis que ces hérétiques sont passés à côté du concept “savoir vivre l’instant présent” et sont probablement les mêmes personnes qui ne prennent pas le temps par exemple d'admirer un coucher de soleil ou des arbres en fleurs au printemps. Shenmue c’est un voyage initiatique posé et nous fait découvrir par la même occasion une asie mal connu de nous autres occidentaux trop habitués à voir la vie nippone se dérouler façon manga. Ses atouts quoi qu’on en dise ne reposaient pas uniquement sur sa plastique dernier cri. Les personnages rencontrés ont chacun leur identité propre, le soucis du détails bluffe encore et sa bande son composée en partie par Yuzo Koshiro (auteur des OST de Streets of Rage) ravit les oreilles de ses sonorités folkloriques. Chant du cygne de la Dreamcast, cette oeuvre inachevée à ce jour (la suite est annoncée courant 2018) reste et restera probablement l’une des plus belles épopée jamais créée et aura de surcroît sa place au hall of fame du jeu vidéo tout comme une autre à vie dans le coeur de nombreux gamers.






The Legend Will Never Die !
Si la Dreamcast n’a pas connu un succès commercial, elle a su rebondir durant sa retraite. Facile à programmer, les homebrews ou adaptations entretiennent une lueure de flamme qui n’est pas résignée à s’éteindre de si tôt. On peut remettre en cause la qualité des titres mais quand bien même leurs intérêts sont parfois douteux (NG Dev par ex mais essayez donc Gunlord !), sa ludothèque “officielle” à de quoi satisfaire n’importe quel joueur désireux de s’éclater sur des références arcade ou découvrir des hits tels que Skies of Arcadia, Grandia II ou Resident Evil Code Veronica. Moi même je l’allume souvent pour un Twinkle Star Sprites (la meilleure version!), CVS, SFZ3, Virtua Striker, F355, Ikaruga et Under Defeat. Le tout en VGA sur écran HD, soit la classe à Vegas en comparaison d’autres consoles retrogaming. Sega a su tirer sa révérence d’une bien belle manière (eût ce été le cas avec la Saturn ?) en nous offrant une machine avant gardiste, résistant aux aléas du temps avec une insolence déconcertante. Son slogan intemporel nous avait pourtant prévenu. Sega c’est définitivement plus fort que tout.

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