07 janvier 2017

Magician Lord - Neo Geo

Léa Elta passion


Dans une paisible contrée appelée Cadacis, un être malfaisant du nom de Gal Agiese voulut prendre de force le contrôle de ces terres aidé de son armée de démons. Un jeune héros mit de suite fin à cette invasion en scellant dans huit livres sacrés les pouvoirs du dieu de la destruction Az Atorse et de Gal Agiese. Les habitants de Cadacis le remercièrent et le surnommèrent Magician Lord. Mais Gal Agiese n’était pas assez faible pour rester à jamais prisonnier. Le temps a passé et le sceau est à présent détruit, seul Elta, le dernier descendant du Magician Lord peut l’arrêter. Il aura pour mission de restaurer le sceau en retrouvant les huits livres sacrés gardés par des créatures démoniaques.



Tel est en résumé l’introduction de Magician Lord. Un peu de fantasy n’est pas pour déplaire d’autant plus sur Neo Geo AES alias la Rolls Royce des consoles dont le set de lancement se doit d’être prestigieux. Énorme poids pour ce soft d’ouvrir le bal des festivités en 1990. Si à sa sortie ce fut un enchantement, il s’est estompé au fil du temps. Les mots ne manquent pas à son évocation : Adoration, vénération, désillusion, incompréhension, consternation, répulsion ou bouche trou pour collection. Un dernier en “ion” ? Fion ! Lieu où vous vous carrez Magician Lord après l’avoir tâté seulement cinq minutes tant le challenge de ce platformer est ardu. Candidats de Koh Lanta refoulés (faute d’être télégénique du slip) qui désirent une fissure anale en chiant du pixel, ce jeu est fait pour vous ! Cet impitoyable Magician Lord est finalement plus connu pour sa difficulté et son statut de pionnier que par ses propres qualités. Mais quelles sont elles justement ?


Objectivement s'il a pu être une claque graphique à sa sortie et faire rêver des possesseurs de consoles 8/16 bits, il a très vite mal vieilli. Je n’ai pas souvenir de lui à l’époque, l’ayant seulement découvert lors de mon initiation à la Neo Geo début des années 2000 (l’émulation a du bon). De mémoire il m’avait paru vilain. Pas tant les sprites, de tailles convenables sur ce système, c’est surtout l’animation saccadée (déjà soulignée dans la presse d’antan) qui est clairement indigne d’une Neo Geo. Notre héros paraît tant souffrir à marcher que je le soupçonne la veille d’avoir pris une pinte au Fucking blue boy. Le plus ridicule étant la démarche des zombies bleus, digne d’une motion capture sur Snoop Dogg. Alors avant même de s’écrier un bien senti : “Fuyez, pauvres fous” qui collerait bien à l’univers du titre. Tout n’est pas à jeter, mais de ci de là, les environnements paraissent parfois inégaux, tantôt franchement réussis tantôt fades et vides. Quant aux backgrounds, ils ne sont pas toujours du plus bel effet à l’image des cieux. Les boss par contre en imposent et sont glauques à souhait (en contrepartie faiblement animés). Notons tout de même la présence de jolis scrollings et un nombre conséquent d’ennemis affichables à l’écran variés et plutôt bien réalisés.






La force cachée du titre est à mettre à l’actif de l’audible. Bruitages et musiques sont renversants ! Le jeu aurait une tout autre saveur sans cela. Que ce soit dans le son des attaques, de la désintégration ennemie, des digits vocaux (japs ou us) ou des compositions, je crois bien que c’est ce qui me motivait inconsciemment à y revenir quotidiennement prendre ma fessée. Les musiques bien que peu nombreuses, sont diaboliquement efficaces. Notamment la première (qui revient plus tard dans le jeu) et celle du stage quatre typée son eighties, à damner une âme pure désireuse d’évasion et d’aventures épiques. Si le tableau n’est pas visuellement idyllique, l'envoûtement sonore quant à lui se ressent et l’effort fourni dessus est remarquable. Merci aux compositeurs, et oui en effet il n’y en a pas eu qu’un, ceci expliquant peut être cela. Alors qu’est ce qui hormis l’animation à la ramasse peut engendrer de la répulsion à jouer à ce jeu ?


Que dire de ce gameplay… Encore un où les beta testeurs étaient aux abonnés absents. Piscine ou Poney le jour des tests ? A plusieurs reprises durant le jeu, je ne pus m’efforcer de me dire que son développement a été écourté ou du moins que l’ambition du projet devait être autre avant le rendu final. Je ne reviendrai pas sur l’histoire des différents sets, sachez seulement qu’on peut trouver des versions AES/MVS où Elta a plus/moins de carrés de vie et des respawns (terme pour dire que l’on ressuscite) immédiat ou en début de stage. Avouez que toutes ces variantes ne sont pas rassurantes. Mais ce qui m’a le plus gêné, ce sont les sauts de notre jeune héros. Ils sont tout bonnement catastrophiques, il m’a fallu de nombreuses heures pour bien les gérer notamment pour atterrir comme il faut sur des plates formes mouvantes. Une plaie insoutenable à en arracher le stick de son socle. Vous ne pouvez y couper court au dernier stage et comme si cela ne suffisait pas, histoire de bien corser l’affaire, de gros yeux vicieux vous suivent et crachent des flammes vous emmerdant comme c’est pas permis.




1 - Alpha Denshi sera remplacé par ADK sur CD
2 - C'est mal barré !
3 - Tout ces ossements... Serez vous le prochain ?




Plus vous attendez et plus ces ennemis vont pulluler. Un conseil : Rushez ! Ou tracez en français. A ce propos, un nemesis indestructible apparaît au bout d’un certain temps s’il estime que vous flânez trop. N’oubliez pas que c’est un jeu arcade avant tout. Fallait pas squatter la borne pour mater le décolleté d’une nana à la table d’à côté. J’en viens à un malentendu concernant Magician Lord. Il est qualifié de jeu de plates-formes, bien entendu à le voir tourner c’en est un, pas de doute là-dessus mais en termes d’expérience de jeu, il se rapprocherait plus d’un Shoot them up (jeu de tir). D’ailleurs il est écrit en sérigraphie sur la version CD : “Action shooting game” (comme Ninja commando aussi produit par ADK), pas con. La progression s’en rapproche grandement, on avance petit à petit en shootant le plus vite possible tout ce qui bouge.

Ce qui peut être un frein à des joueurs croyant avoir à faire à un jeu où il est permis de revenir en arrière et d’explorer à sa guise. Non, ici c’est le feu au derche qu’on progresse, pas le temps de cueillir des herbes pour la fumette de papy. Bien entendu vous pourrez explorer les sept niveaux (le huitième étant une succession de mid boss), mais ce serait laborieux (pas mal de culs-de-sac) et ne vous rapportera surtout que des points pour scorer et beaucoup de frustration à revenir sans cesse à l’écran-titre (si vous n’abusez pas des credits). Dans un premier temps visez à aller toujours plus loin en vous créant votre parcours, vous vous surprendrez à progresser à votre rythme. L’apparition des ennemis étant scriptée, il vous faudra retenir les vagues ennemis qui apparaissent pour les anticiper et ne pas paniquer à leurs venues. Seuls les boss ont une difficulté aléatoire, ça peut passer comme casser. Dans l’ensemble, une fois leurs patterns assimilées, ils ne poseront pas de gros problèmes. Et qui sait ? Le 1CC au bout ! “Fais tourner la pipe papy !”

Pour dézinguer du démon, pas de saut sur l’ennemi. Vous n’avez qu'un tir de base pouvant être amélioré jusqu’à trois fois sa puissance en dénichant des power up cachés dans des coffres. Le tir s’effectue debout, accroupi ou durant un saut. Alors vous vous dites : pas de tir chargé, d’attaque sautée ou d’Obi wan kenobi en soutien, c’est fichtrement basique dis donc. Je vois déjà le curseur de votre souris discrètement prêt à cliquer sur la croix de cet onglet. Ce serait dommage de passer à côté de l’essentiel intérêt de Magician Lord. Ce cachottier de Elta a une passion secrète : il est transformiste. Son échine se hérisse et sa peau frissonne de plaisir à chaque nouveau costume de cuir vêtu. Pour changer, il faut amasser une sphère de couleur (orange, bleu ou vert). Combinez deux sphères (le max qu’on puisse avoir) donne droit à un autre costume. Plus qu’un simple cosplay vidéo-ludique, à la manière d’un Kid Chameleon (sorti deux ans plus tard sur Megadrive) chaque transformation octroie son attaque. Les sauts et cadences de marche sont aussi différents, ce qui donne des personnages plus rigides ou plus agiles. Si vous vous faites toucher un certain nombre de fois, vous redeviendrez Elta.


 

4 - Beaucoup de pièges pour vous faire rager
5 - Un passage secret se cache dans le mur
6 - Le troisième niveau est une plaie au début




Dragon warrior (2x orange) : Sa puissance de feu est dévastatrice et surtout continue passant au travers des murs. Upgradé au max, sa portée est très bonne. Attention toutefois il ne peut pas atteindre les ennemis au ras du sol. L’astuce consiste à faire un petit saut et tirer en diagonale.


Waterman (orange/bleu) : Ne riez pas, se cache derrière ce nom ridicule un perso avec une attaque de courte portée mais incroyablement efficace, annihilant tout sur son passage y compris les tirs ennemis. Malheureusement il ne peut tirer que deux billes à la fois.


Poseidon (2x bleu) : Il a beau posséder le nom d’un dieu, ce n’est en rien le plus puissant du jeu. Son attaque en forme de vague ne m’a pas convaincue. C’est celui que je recommanderai le moins.


Shinobi (orange/vert) : Le ninja est sans nul doute le plus complet, rapide et agile avec une attaque assez conséquente au max. Seul inconvénient, il peut tirer successivement que deux fois. Tirez juste et avec parcimonie.


Samurai (bleu/vert) : J’aurai tendance à le préférer au ninja bien qu’il soit plus lourd à diriger, ses projectiles ont la particularité de s’élancer comme un boomerang et de passer au travers des murs. Manque cependant d’un peu de force, dommage.


Raijin (2x vert) : Voilà un perso intéressant destiné aux joueurs maîtrisant bien le jeu car il faut pouvoir anticiper les vagues ennemies en esquivant leurs projectiles. Bien employé, il est assurément d’une efficacité sans pareille au corps à corps.





Différences entre la version AES et CD : La version CD est exactement la même que l’originale concernant les graphismes. Les musiques n’ont subie aucun remix ou réorchestrations. Les puristes apprécieront, personnellement je trouve cela dommage, on bénéficie d’un format CD autant l’exploiter. Niveau temps de chargement, un seul au début puis rien par la suite. L’avantage de cette console étant qu’il est possible de revenir à l’écran de titre en appuyant simultanément sur SELECT + C, A et B. Très utile quand la partie est déjà mal engagée et pour les feignasses comme moi qui ne souhaitent pas se lever pour appuyer sur le bouton reset. Notons la possibilité de sauvegarder un niveau pour y revenir plus tard, de credits illimités, d’une intro, une barre de santé de cinq cases et de respawns. La galette semble identique mais la présence de freezes avant chaque mid boss coupent un peu l’action. Autre changement, le mid boss du stage quatre est plus statique à son apparition, le rendant ainsi plus facile à tuer.



Casting éclectique et kitsch, alleluia on a échappé à un panda, sparadrap ou une boîte de conserve. C’est vraiment l’atout de ce Magician Lord que de pouvoir se transformer, l’expérience de jeu est différente selon le personnage que l’on privilégie. Certains boss étant d’une simplicité enfantine à tuer si vous faites le bon choix. Véritable clé pour en voir le bout, il va vous falloir trouver l’avatar qui vous convient le mieux.

Cette particularité suffit elle à rehausser l’intérêt du jeu ? Oui et non, argument de vente certes intéressant mais l’ensemble paraît légèrement bancal et ce du début à la fin. La fin... Parlons en, sans en dévoiler le dénouement (“lol”) quand on se démène comme un beau diable pendant un temps fou pour ajouter ce titre à son palmarès, il aurait été gratifiant d’avoir un final un peu plus peaufiné et pas simplement avoir la sensation qu’on a rembobiné l’intro. Des artworks auraient eu plus de cachet que cette courte séquence risible. Voilà que je passe pour un vieux con, et à la lecture de ce test, vous vous dites que le père Tonka semble bien blasé. Pas du tout et je crois bien être pour la première fois objectif sur ce site. Pour tout avouer, en me procurant Magician Lord j’étais vraiment emballé à l’idée de jouer à un autre genre que du versus ou du SHMUP. Quelle douche froide aux premières minutes de jeu. J’étais à deux doigts de le larguer sur la baie le lendemain.






7 - Le rendu de l'eau est bluffant
8 - Saut à la ramasse + plates formes mouvantes = (>_<)
9 - T'as le look coco. J'aime !




Cependant en insistant un peu plus, ce bougre a su m’aguicher. Est ce l’effet uniquement du challenge (ou syndrome de Stockholm) ? Non, je me mentirai à moi même, malgré ses défauts, il y a un bidule truc indéterminé qui m’a charmé et qui m’intrigue encore aujourd’hui. Et si ce jeu ne n'était il pas réellement magique ? Forgé par des nains au cœur d’une mine obscure, puis ensorcelé par une confrérie d’elfes des bois. “Dis donc Papy c’est d'la bonne !”. Plus sérieusement et encore une fois, l’ambiance prime mes amis, cette chose indescriptible que les années ne semblent pas altérer et qui fait écho ou pas à l’âme d’un joueur. Tel un voile opaque sur la raison, camouflant ainsi ses lacunes graphiques et soucis de gameplay. Pas de demi mesure, Magician Lord on l’aime ou pas !

En fait son plus gros défaut ne lui incombe pas vraiment, il serait plutôt à mettre sur le dos des joueurs et cette méprise de l’envisager comme un simple platformer. Si Alpha Denshi responsable du jeu (devenu ADK par la suite) n’avait pas été affilié à SNK, un portage sur une réelle console de salon (l’AES n’en est pas une pour moi) l’aurait rendu son level design plus attrayant. Une suite était en chantier sur Neo geo pocket, quel dommage qu’elle n’ait jamais vu le jour et que ADK n’ait pas envisagé d’en faire une sur AES pour corriger ses tares. Résultat, nous avons là un jeu ayant le lourd fardeau d’être la première cartouche Neo Geo, devenant par ce fait culte malgré lui. Beaucoup de fans SNK (nostalgiques ?) le surestiment à mon sens et au prix où il est coté actuellement, environ 130€ TCC (taxe chaudière comprise), c’est tout de même une sacrée somme pour un tout juste bon jeu. N’étant pas fan des comparaisons et ne souhaitant pas le vexer je m’abstiendrai de l’opposer à d’autres productions… Arcade, 16 ou... 8 bits. Vous m’avez compris (hausse des sourcils).







Un One life que j'ai réalisé sur Neo Geo CD





Animation chaotique, réalisation en dents de scie, prise en main délicate, difficulté rebutante, une masse de couacs qui laisse un goût amer et risque d’en faire fuir plus d’un, notamment ceux habitués à des jeux plus carrés. Fort heureusement pour lui, ils ne sont pas légion dans son genre sur Neo Geo. Le qualifier d’os à ronger sur cet hardware serait réducteur, car du charme il en a à revendre, mais pour cela le joueur se doit d’être patient pour pouvoir s'imprégner d’une ambiance de dingue. Outre son univers sonore de haute volée, il bénéficie d’une excellente durée de vie grâce aux transformations de Elta. Un replay value non négligeable qui procurera à coup sûr un intérêt nouveau pour qui aurait réussi à le finir. Mieux vaut le tester avant son achat, et se faire son propre avis. Magician Lord a le mérite de ne pas laisser indifférent, et en soi, c’est déjà une belle reconnaissance. T’as mérité ton Werther’s, t’es quelqu’un d’exceptionnel.






 
Vite dépassé techniquement après sa sortie, il l’est bien évidemment encore plus aujourd'hui. Des défauts il n’en manque pas et au prix de la cartouche ou cd, à moins d’être collectionneur, le joueur lambda se sentirait floué par son achat. Pourtant, il subsiste chez ce vilain canard une identité attachiante qu’il serait regrettable de ne pas y succomber. Le point noir : vos pulls vont morfler à force d’en relever les manches !


LES PLUS

  • Univers sonore
  • Ambiance
  • Les transformations
  • Difficulté motivante ou...
LES MOINS

  • ... Rebutante pour certains
  • Les sauts
  • Réalisation mitigée
  • Mal vieilli


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