Tetris - Game Boy

From Russia with fun !

Selon l’écrivain et sociologue Roger Caillois, les jeux pratiqués par les hommes ont besoin de remplir quatre conditions pour procurer du plaisir : La compétition, le hasard, le simulacre et la recherche du vertige. Ces mots furent repris lors d’une interview par Hiroshi Yamauchi alors président de Nintendo (et actuellement deuxième personne la plus riche du japon) au sujet du succès que connu Space Invaders en 1978. Une citation pertinente, convenant parfaitement je trouve à Tetris, jeu de puzzle le plus culte de tous les temps. 

Il est vrai qu’on emploi bien trop souvent le mot "culte" lorsque l’on évoque nos souvenirs vidéo ludiques mais je ne crois pas me tromper en affirmant que ce jeu est à l’unanimité ce qui se fait mieux dans son genre. La preuve en est ses innombrables versions depuis sa création, n’y avoir jamais joué serait synonyme d’ignorance ou de mépris. Et de toutes les versions, la plus réussie pour bon nombre de joueurs et pour son créateur Alekseï Pajitnov (du moins à l’époque) est sur Game Boy, la DS étant la seule à avoir su redorer son blason bien des années plus tard. Vendu avec la console en septembre 1990 et préféré à Super Mario Land dans le but d’élargir la tranche d’âge des acheteurs. Nintendo fit mouche avec cette stratégie de vente, il s’est vendu pas moins de 35 millions d’unités ! Soit, le 3ème jeu toutes consoles confondus le plus vendu au monde derrière Wii Sports (ça pique aux yeux hein ?!) et Super Mario Bros.


Le proverbe : “de 7 à 77 ans" n’est pour une fois pas utopique, je revois encore ma propre grand-mère squattant une par une toutes les lampes de la maison. Non, la mamie ne marche pas à l’énergie solaire, c’était dans le but d’assouvir en lumière la photosynthétique Game Boy. Un slogan qui aurait été bien plus accrocheur que le "From Russia with fun" figurant sur les boîtes du jeu. En ce temps là, pour moi, la Russie se résumait à Ivan Draco de Rocky IV. Vous en conviendrez, dur d’assimiler le mot fun et la Russie.

Venons-en au jeu, la réalisation est sobre et épurée, il en va de même pour les menus, un atout, pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour accéder le plus rapidement au jeu, appuyer sur start sans cesse jusqu’à voir défiler vos pièces appelés tétriminos. Vous pouvez les tourner sur eux-mêmes en pressant A ou B et accélérer leur chute en pressant la flèche du bas, le but étant de former des lignes en les emboîtant astucieusement. En effaçant quatre lignes d’un coup, vous faîtes un Tetris, les points sont ainsi bien plus nombreux. 

1 - Que de souvenirs !
2 - Il était temps qu'elle se pointe
3 - Une seule solution : Redémarrer

Afin de vous faciliter la vie, une fenêtre en bas à droite permet de voir la prochaine brique à apparaître, en pressant select, cette option disparait. Toutes les dix lignes, vous passez au niveau suivant, la vitesse est ainsi augmentée et votre adrénaline avec. De ce fait, vous ne démordez pas, jusqu’à ce que votre architecture de tétriminos devienne ingérable, ne pouvant plus placer de pièces. Le plafond atteint, un son de chèvre se fait entendre, retour dans les menus!

Au choix, deux modes de jeu possibles, A et B, le premier, le marathon, pas de réels objectifs si ce n’est battre son record, et le second vous aurez des missions. Honnêtement, le mode B, est vite lassant. Le réel intérêt, outre le scoring, c’est aussi de voir la fin dans le marathon. Les fameuses fusées, j’ai un peu honte de dire ça mais la première que j’ai vu, c’est ma mère qui l’a fait décoller, ouch… Pour excuse, je n’avais que dix ans et mes neurones devaient être aussi en pleine croissance. La première est obtenue en faisant un score de 100 000 points.


Il y a bien une technique, elle consiste à faire le plus de tetris possible, pour ce faire, vous devez placer vos briques sur les cotés et attendre patiemment qu’une barre se manifeste. Technique parfois payante quand la chance vous sourit, dans le cas contraire, pétage de plombs assuré. La musique adoucissant les mœurs, vous n’aurez de cesse malgré les défaites de vous remettre en selle. Peu de musiques, et pourtant, vos tympans vont s’extasier ! Trois chansons seulement, dans un style similaire, qui avec le temps ont vu leur charme se bonifier  Classique, kitsch, rétro etc les mots me manquent, tant elles suscitent en moi de l’enthousiasme et bien entendu de la nostalgie. Casque sur les oreilles, ne vous étonnez pas d’être totalement coupé du monde.


Terriblement additif, le jeu peut s’avérer thérapeutique. Une étude sérieuse a été menée par la prestigieuse académie d’Oxford, jouer à Tetris réduirait les flashbacks traumatisants. Idéal donc pour un traitement contre un stress post-traumatique. Difficile de trouver des défauts au jeu, si même la science approuve le fait d’y jouer. Honnêtement, je ne vois pas comment ne pas adhérer au concept. Chacun appréhendant les parties selon son expérience, se défiant sois même au score, ou comme moi en tentant d’atteindre les 200 lignes. Un mode deux joueurs via le câble link allonge la durée de vie déjà conséquente du jeu. 


Si vous êtes Tétrophile, la seule gène de cette version monochrome peut venir de l'absence du fait de pouvoir stocker vos tétriminos et de les utiliser plus tard en cours de partie. Certains qualifieront cette manip' de cheat mais pour ma part je trouve que ça ajoute du peps. Rassurez vous, on peut très bien sans passer et au fil des parties, on oublie très vite tous les autres Tetris déjà joués. Qu'on se le dise, le seul, le vrai, c'est sur la portable 8 bits Nintendo!

A l’heure actuelle, cette version Game Boy, est une ode au classicisme, une cartouche qui pue la nostalgie à plein pif dans le bon sens du terme. Tout bonnement encore excellent aujourd'hui !

LES PLUS Une durée de vie infinie ! Les musiques

LES MOINS Les barres qui ne viennent pas ! L'impossibilité de stocker une brique